lundi 30 juillet 2012

Metallica - Enter Sandman


Aujourd'hui on s'attaque à un monument du métal, un des groupes emblématiques du genre : Metallica. Le groupe, fondé en 1981 par Lars Ulrich (batterie) et James Hetfield (chant et guitare rythmique), a imprimé sa marque au genre durant les années 80. Après l'éviction du lead guitarist Dave Mustaine pour cause d'abus de drogues et d'alcool (il était encore plus bourré que les autres, c'est dire!), Kirk Hammett vient compléter le noyau du groupe juste avant le premier album, noyau qui restera inchangé pendant toute la carrière du groupe pendant que les bassistes vont et viennent - virés, morts, démissionnaires... Dave Mustaine se vengera en fondant Megadeth, autre membre du "big four" du thrash metal avec Slayer et Anthrax (des noms qui ne s'inventent pas).


C'est dur d'être jeune. 
Mais le thrash metal, c'est quoi? C'est du métal rapide et agressif, né de la fusion du punk avec la NWOBHM (rappelez-vous, Iron Maiden). L'anti glam-rock, le truc brut de décoffrage qui ne séduit pas la masse. Des riffs complexes et rapides, des solos de guitare longs et virtuoses, des changements de rythme au cours des morceaux, une batterie agressive avec un usage massif de la double pédale. Bref, ça remue. Mais Metallica, c'est aussi de longs morceaux instrumentaux (The call of Ktulu - une référence à Lovecraft, Orion) et même des balades (Fade to Black, ou la trop célèbre Nothing Else Matters). 


Metallica réinvente le métal dans les années 80 avec Kill 'Em All (1983), Ride the Lightning (1984), Master of Puppets (1986) et ...And Justice for All (1988). Puis vient le black album, en 1991, qui leur apporte finalement une reconnaissance plus mainstream. Le rythme s'est ralenti, l'accent est mis sur les mélodies - un changement de style qui conduit certains à ne pas le considérer comme représentatif du groupe. Mais l'album contient des perles, dont Enter Sandman, première chanson de l'album et premier single qui se vendra à un demi-million d'exemplaire. Construit sur un riff de Kirk Hammett, la chanson évoque les cauchemards enfantins et incorpore des éléments de comptines déformées qui renforcent le sentiment d'un film d'horreur :

Hush little baby don't say a word, 
And never mind that noise you heard,
It's just a beast under your bed, 
In your closet, in your head

En live, ça donne ça et ça ne manque pas d'énergie. Notez l'intro d'Ennio Morricone (Le bon, la brute et le truand) que Metallica utilise au début de chaque concert depuis 1983. Et entraînez-vous à faire la même chose avec vos cheveux (eux, ils les ont perdus depuis).


mardi 24 juillet 2012

System of a Down - Toxicity


Quatre Californiens d'origine Arménienne fondent SOAD dans les années 90 : succès rapide et mérité pour un style lyrique et engagé dont les paroles confinent au dadaïsme. Comment décrire leur style unique et inclassifiable ? Difficile exercice. Une constante, l'expérimentation. Comme ils le disent eux-mêmes: "You can compare us to whoever you want. I don't care. Comparisons and labels have no effect on this band. Fact is fact: We are who we are and they are who they are." Bref, à bas les étiquettes. Inutile même d'essayer de les caser dans la catégorie fourre-tout du "neo metal" (n'importe quoi!). System EST un genre. 


Des influences musicales ? Voir du côté du heavy métal (Ozzy Osbourne, Van Halen), du thrash (Slayer), du punk (Dead Kennedys), de la musique arménienne, des Beatles, un joli cocktail. Du côté des paroles, un militantisme assumé, une dénonciation des injustices sociales, de la politique (la "War on Terrorism" de G. W. Bush), du génocide arménien. Serj Tankian milite auprès de la chambre des représentants pour en faire maintenir la reconnaissance. Militantisme en politique, implication dans des projets humanitaires, proximité avec le mouvement Axis of Justice dont Tankian est fondateur, leur activisme est à l'image de leur audace musicale.




Expérimentale cette musique, certes, mais néanmoins étonnamment accessible et fascinante. Les mots manquent pour la décrire, ou plutôt tout y est : une alternance d'envolées thrash violentes, d'ambiances gothiques, de moments calmes tout en douceur acoustique incluant des sonorités plus traditionnelles et folkloriques, et un chant hallucinant de prouesses mélodiques. Contrastes. On ne s'ennuie pas. Trève de commentaires, les mots ne peuvent pas tout décrire, un modèle: Toxicity.





mardi 17 juillet 2012

Rodrigo y Gabriela - Tamacun


On colle de nouveau à (notre) actualité en vous parlant cette semaine d'un duo d'enfants du Metal que nous avons eu la chance d'aller (re-)(re-)voir aux Nuits de Fourvière hier soir : Rodrigo y Gabriela. Lassés de leur groupe de Thrash metal de Mexico, ils s'installent au début des années 2000 à Dublin où ils font leurs armes à la guitare acoustique dans les pubs locaux. 


C'est là qu'ils mettent au point leur style de jeu si particulier - Gabriela tient à la fois le rôle de guitare rythmique et des percussions - et qu'ils écrivent leur premier album, qui sort en 2006. "Mais c'est encore du Metal ça ?", nous demanderez-vous ? Ne nous arrêtons pas au son - exclusivement instrumentales, leurs compositions s'inspirent définitivement dans la structure et les riffs des "grands" du thrash métal  (Metallica, Slayer, Megadeth), qu'ils auraient fait fusionner avec des sonorités latino ou jazz. Mais à la guitare acoustique, ça plait même aux oreilles délicates si bien que leur public (parfois plus porté sur le flamenco que le headbanging) rate souvent les références qui émaillent leurs concerts...

Petit concours, donc pour les amateurs : pourrez-vous trouver les morceaux qui se sont glissés dans deux des vidéos de cette semaine - une du concert d'hier soir (courte), et une autre de l'album "live in France" (sans images malheureusement)? On rajoute une autre vidéo de concert pour donner une meilleure idée de ce à quoi ça ressemble sur scène, quand même. Et on attend vos réponses dans les commentaires!




 
 

mardi 10 juillet 2012

Trust - Antisocial


Oui, le hard rock français existe et il enflamme l'hexagone au début des années 80! Bernie Bonvoisin et Nono Krief fondent un groupe de légende qui survivra bon an, mal an jusqu'à nos jours en traversant changements de line-up, séparations et reformations. Il faut dire qu'il est bien né ce groupe, entre un Bernie working class hero de la banlieue rouge, engagé, revendicateur, voire vindicatif, et un Nono, qui après avoir débuté sa carrière de guitariste dans un Club Med au Maroc est devenu un des meilleurs guitaristes français. Il faut dire qu'il a bien grandi ce groupe, qui a vu passer dans ses rangs Clive Burr et Nicko McBrain, deux batteurs d'Iron Maiden (ils ont même fait passer une audition à Patrick Swayze en tant que bassiste - oui oui! - mais ne l'ont pas retenu. C'est sans doute par désespoir qu'il s'est rabattu sur Dirty Dancing, le pauvre). Il faut dire qu'il était bien entouré, enfin, en jouant aux côtés des plus grands dans les années 80, AC/DC, Iron Maiden ou Anthrax...

La vieille France encravatée va en prendre pour son grade!
Trust, c'est du Hard Rock pur et dur avec des riffs incisifs, avec des paroles libertaires qui frappent direct, fustigeant le conformisme, la bourgeoisie et les autorités, ce qui leur vaudra quelques menaces de mort de groupuscules fachos. Dénoncer, bousculer, renverser la table, tout le monde y passe: armée, police, politiques, capitalistes, religieux, sectes et petits bourgeois étriqués. Le groupe dénote un peu dans la France de Giscard, et le label EMI avec lequel ils ont signé reste frileux côté promotion, préférant privilégier Telephone, nettement plus consensuel... C'est l'amitié de Bon Scott (AC/DC) qui leur permettra de sortir de l'ombre et de jouer sur les plus grandes scènes.

1980, deuxième album "Répression" et une chanson aux allures de slogan qui deviendra l'hymne de toute une génération: Antisocial! «Un mélange de punk à la Sex Pistols et d'AC/DC", selon Philippe Manoeuvre (Rock & Folk). La chanson d'une jeunesse désenchantée, frappée de plein fouet par la crise économique née des chocs pétroliers, qui enterre définitivement les Trente Glorieuses : absence de perspective, abrutissement du travail, violence des relations et aliénation par la société de masse. «Trust in France is a social movement more than just a band» dit le magazine Sounds. Mais si la chanson a si bien marché, c'est aussi, et peut-être avant tout, parce que c'est un p... de bon Rock'n roll!

Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale,
Tu masques ton visage en lisant ton journal,
Tu marches tel un robot dans les couloirs du metro,
Les gens ne te touchent pas, faut faire le premier pas...


PS: Sur le même album, quelques autres perles, dont Monsieur Comedie (sur la prise de pouvoir de Khomeiny,  et le soutien de la France...), Instinct de Mort (sur Jacques Mesrine), le Mitard (sur des paroles de Mesrine, scandale!).



Et un Monsieur Comédie en bonus!


mardi 3 juillet 2012

Th' faith healers - Hippy Hole




Aujourd'hui, un post invité par Lionel!

Au paradis des guitares saturées, je vous propose une petite excursion en terre « noisy rock ». Alors que des groupes comme Sonic Youth ou My Bloody Valentine tiennent  la scène bruitiste, le début des années 90 voit passer une comète pas clairement identifiée et difficilement cataloguable : Th’ Faith Healers (sans « e » et avec apostrophe s’il vous plaît…).
Formé de Roxanne Stephen (chant), Tom Culligan (guitare/chant), Ben Hopkin (basse) et Joe Dilworth (batterie), le groupe produit, entre 90 et 94, deux albums (Lido et Imaginary Friend) et une poignée de singles, dont une partie est rassemblée dans une compilation intitulée « L’ ».
Question style, on s’éloigne franchement des moustachus en marcel déjà largement cités dans le blog, pour aller vers une posture et une musique qui se trouvent quelque part entre le post-punk (pour le côté enragé et bordelique) et le shoegaze (pour l’aspect on-fait-un-bruit-d’enfer-mais-sans-bouger-sur-scène-et-en-regardant-nos-pieds).
Th’ Faith Healers, c’est un chant tour à tour aérien ou hystérique, un son de guitare dont la saturation laisse penser qu’on commence à souffrir d’acouphènes et qu’il est temps de prendre rendez-vous chez l’ORL, le tout soutenu par un groove vicieux et indéfectible à la batterie et à la basse.
Tout ça pour produire des morceaux souvent longs, jusqu’à 20 minutes pour « everything all at once for ever », et dont l’écoute frôle l’hallucination auditive du fait de la répétition des riffs et des (quelques) paroles qui servent de prétexte aux jeux vocaux de Stephen. La violence de l’ensemble est d’autant plus inquiétante qu’elle est contenue (enfin, en partie…). Et puis parfois, comme si le malaise devenait intolérable après avoir trop forcé sur le larsen, Th’ Faith Healers livre une bluette presque pop (« It’s easy being you ») ou une reprise sous amphet’ de Can (« Mother Sky »).
En guise de découverte de cet ovni bruitiste, « Hippy Hole », extrait de l’album « Lido » à la pochette délicieusement sixties et décalée…