dimanche 7 octobre 2012

Ramones - Blitzkrieg Bop



Ramener le rock & roll à l'essentiel: trois accords, éventuellement quatre, une mélodie accrocheuse sans complications, et des paroles à la limite de l'ineptie mais irresistibles, voilà la philosophie des Ramones. En reprenant les bases du rock des années 50 tout en accélérant franchement le tempo et en saturant les guitares comme il faut, cette bande de New-Yorkais du Queens a ainsi littéralement posé les bases musicales du Punk Rock en 1974, et ont inventé l'attitude de rien à cirer qui va avec.

Les quatre comparses Joey Ramone, Dee Dee Ramone, Johnny Ramone et Tommy Ramone n'ont aucun lien de parenté, ces pseudos sont choisis pour afficher l'unité du groupe, qui se donne aussi un code strict an matière de look: cheveux long coupés au bol, jeans déchirés, Converses et blousons de cuir en hommage aux rockers des années 50. Le logo du groupe, dans l'esprit de provocation gratuite qui les caractérise est un détournement du sceau du président des Etats-Unis, ou cet aigle arrogant a été affublé d'une batte de base-ball et où la devise "E pluribus unum" a été remplacé par le cri de ralliement "Hey Ho, Let's Go!".

La dégaine de rien à foutre dans toute sa splendeur.
Il paraît qu'un bon Ramones se déguste sur vinyle avec le son crade et les craquements vintage. C'est probablement idéal en effet pour apprécier ce rock de vauriens dans son jus. Leurs chansons dépassant rarement les 2 minutes, rendons leur hommage en ne prolongeant pas inutilement ce post. On concluera en citant Philippe Manoeuvre, nostalgique : "Qu’on se rassure: dans le rock du troisième millénaire, on ne verra plus trop de voyous comme ce monsieur Dee Dee Ramone." Hélas.




Hey! Ho! Let's go!


mercredi 3 octobre 2012

Nirvana - Pennyroyal Tea


Prenez le doom metal de Black Sabbath et des Melvins, la créativité des Pixies, le nihilisme punk des Sex Pistols, secouez bien et vous obtenez la quintessence du grunge : Nirvana. Un groupe qui en 5 albums (dont 1 live et 1 compilation) a fait exploser commercialement le rock alternatif, marqué toute une génération et défini un nouveau style musical, le grunge.

Que celui (celle) qui n'a jamais porté de chemise de bûcheron
et de jean troué leur jette la première guitare
Dès le début des années 80, la scène musicale de Seattle est en effervescence. Autour du label Sub Pop, des groupes locaux comme les Melvins, Green River puis Mother Love Bone (rappelez-vous on en a déjà parlé) et Mudhoney définissent un son agressif, fait de guitares saturées et de changements de rythme brutaux, à l'opposé du glam qui domine alors une partie de la scène rock. Leur esthétique et leur son volontairement bruts de décoffrage leur valent le dénominatif de grunge, autrement dit crados. Ca plante le décor. Comme de toute façon une bonne partie d'entre eux carburent à l'héroïne, le look démeuré-cheveux gras est assez naturel.


Ca aide aussi pour l'écriture de paroles nihilistes et angoissées, style favori de Kurt Cobain, le chanteur/guitariste du groupe. Ami d'enfance de Krist Novoselic (qui officie à la basse - Dave Grohl, à la batterie, complète le trio), Cobain est un médiocre guitariste mais un excellent chanteur/compositeur aux textes complexes et au timbre reconnaissable entre mille. Dès leur deuxième album, Nevermind (1991), le groupe obtient d'ailleurs un succès jamais atteint par un groupe de rock alternatif. Le mal de vivre exposé dans ses morceaux en fait le porte-étendard de la "Génération X", celle de la crise, du chômage et des lendemains qui ne chantent pas.

Autre spécialité du groupe, démolir les instruments
à la fin du concert : ça permet d'éviter les rappels.
Le pessimisme de l'écriture approche son paroxysme en 1993 au moment de l'enregistrement et de la sortie du troisième et dernier album studio du groupe, In Utero. Cobain souffre - physiquement, de son addiction à l'héroïne et de sérieux problèmes d'estomac, et psychologiquement, de sa nouvelle notoriété planétaire et surtout d'une profonde dépression chronique. L'album devait d'ailleurs s'intituler initialement I hate myself and I want to die - tout un programme, qui ne tardera pas à être mis en pratique : Cobain se tire une balle dans la tête le 5 avril 1994.

C'est l'une des (multiples) interprétations des paroles de Pennyroyal Tea, dont le nom désigne une tisane abortive qui fait écho au titre de l'album. Une chanson emblématique, alternant les couplets presque chuchotés et les refrains violents et saturés. Qui évoque la souffrance physique, la dépression et la mort, mais en même temps pleine d'autodérision et de double sens.

Vingt ans plus tard, que reste-t-il de Nirvana? Un groupe de survivants (les Foo Fighters, fondés par Dave Grohl), la plus grande incursion du rock underground dans la culture mainstream et surtout des chansons qui n'ont pas pris une ride. Enjoy.

En électrique :

Et en acoustique :