Oui je sais, je vous ai parlé de Nirvana la dernière fois. Et oui, je sais, la plupart des métalleux n'aiment pas ce groupe. Mais il y a trois bonnes raisons à mon choix : d'abord, moi, si. Ensuite, j'ai trouvé que le nom du groupe tombait à pic après ce gros trou dans nos publications (haha). Et enfin, je me suis dit que ça manquait de femmes sur ce blog, alors qu'il y en a plein dans l'indie rock. D'où Hole.
Hole, c'est-à-dire le guitariste Eric Erlandson et surtout la chanteuse Courtney Love. Qu'on résume souvent à tort comme la femme de Kurt Cobain, et dont ses détracteurs prétendent qu'il a écrit à sa place le meilleur album du groupe (en toute subjectivité), Live through this. Un titre qui prend un autre sens quand l'album sort, en avril 94, quatre jours après le suicide de Kurt Cobain. Eh oui, pas facile d'être la femme d'une légende du rock, comme dirait Yoko Ono.
Courtney Love est l'âme du groupe, et assure l'écriture des paroles des chansons du groupe, dont les mélodies "à la Sonic Youth", selon sa propre expression (Kim Gordon produit d'ailleurs Pretty on the inside, leur premier album), viennent d'Erlandson. Des paroles qui sont marquées notamment par le féminisme dont elle se revendique - Violet, par exemple, évoquant l'exploitation sexuelle des femmes à travers l'expérience de Love qui gagnait sa vie ado dans des clubs de striptease. Un féminisme ironique à la No Doubt, comme sur la pochette de l'album, caricature d'une reine de beauté de pacotille avec un logo inspiré de celui des poupées Barbie.
Live through this est un succès à la fois critique et commercial, une synthèse entre un son plus apaisé et celui, très grunge, du premier album. Le passage de Bleach à Nevermind, en quelque sorte. Courtney chante toujours faux comme Nico, mais comme Nico ça sonne encore mieux comme ça. L'apogée du groupe avant la dégringolade : après le suicide de Kurt Cobain, c'est la bassiste du groupe, Kristen Pfaff, qui est retrouvée morte d'une overdose d'héroïne, drogue favorite de Love depuis bien longtemps déjà et dont elle mettra une bonne quinzaine d'années à se débarrasser - comme la (malgré tout très bonne) batteuse, Patty Schemel. Le groupe n'y survivra pas, mais il reste de sa période grunge quelques belles perles à redécouvrir, comme ce Doll Parts, où trois accords suffisent pour souligner le texte et le faire rester en tête.