Du groove, de la crasse, du cambouis, du méchant plein de poils, du rock brut et brutal : Motörhead. Le heavy-metal n'aime pas les demi-mesures. Ceux-là ont choisi de jouer vite et fort, bien décidés à broyer leur audience sous une avalanche de décibels crachés (en pleine poire), notamment par la basse du chanteur-bassiste et fondateur du groupe, le grand, l'unique Lemmy Kilmister. Et comme il trouve sa basse un peu fade, qu'est-ce qu'il fait le Lemmy ? Il pousse le bouton 'overdrive' de son ampli, et il joue en accords. Un son bien lourd, limite crade, marque de fabrique du groupe qui accompagne à merveille sa voix éraillée d'alcoolique d'outre-tombe dopé aux amphétamines.
C'est qu'il impose le respect le coco (qui a quand même eu le privilège d'être technicien de guitare pour Jimmy Hendrix à la fin des années 60). Même le petit Lars Ulrich (de Metallica, excusez du peu) le vénère et a un moment été président du fan club américain de Motörhead. Maintenant tu cires les santiags du monsieur, ou tu te prends sa Rickenbacker dans la tronche, ok ? Aujourd'hui, à 66 ans, Lemmy est une légende qui tourne toujours, boosté par les substances, "But that's the way I like it baby, I don't wanna live forever" comme il le hurle dans Ace of Spades.
Bienvenue dans un monde d'élégance et de raffinement, bordel. Et pour faire pousser les poils, mieux que Petrole Hahn, y'a Motörhead |
Justement. En 1980, le trio anglais, qui n'en est pas à son premier fait d'armes ("Bomber" et "Overkill" sont passés par-là) et est devenu un des fers de lance de la New Wave of British Heavy Metal, débarque dans la décennie avec une grenade à fragmentation dégoupillée avec les dents: Ace of Spades. Premier contact : les têtes d'affreux qu'ils arborent sur la pochette de l'album. Faites rentrer les gosses, fermez les volets, ça va chier. La main sur la poignée de gaz et les guitares affutées au silex, c'est un missile bluesy et rock. Attention, pas de fioritures inutiles, on n'est pas là pour épépiner les groseilles à la plume d'oie.
If you like to gamble,
I tell you I'm your man
You win some, lose some,
it's - all - the same to me